UMLICHT FILMS

Klevomp ar brini, tadig!

(On entend les corveaux, papa !)

PITCH

Kaou sent dans son esprit la présence d’un œuf sémantique d'une taille inhabituelle, qu'il couve avec l'instinct d'un manchot. Il fait des films, il écrit de la poésie, discrètement, mais avec conviction, et chaque dimanche il rend visite à ses parents brittophones dans la campagne finistérienne, accompagné de Maria, sa fiancée parisienne. Des tensions ontologiques semblent pourtant troubler l’intérieur de ce paisible cadre d’accoutumance. Mais après tout, on le sait d’avance, la proximité des parents à l'âge adulte, en pleine maturité créative, agit comme de la kryptonite. Tout bascule le jour où Dominique Dubosc, son ami et célèbre documentariste, lui propose de participer à une recherche ethnographique. Sa mission : constituer un corpus d'histoires bretonnes, accompagné des vues Lumière de la Bretagne, ces plans fixes des origines du cinéma d’à peine 50 secondes.

Et si cet œuf dans son esprit était en réalité le français, un intrus semblable à lui-même, tel l’œuf d’un coucou déposé dans le nid d'un grand corbeau breton, prenant peu à peu la place de sa vision du monde ? Nous sommes en 1994, à l’aube des célébrations du centenaire du cinéma. Le breton, tout comme le communisme, semble balayé par la modernité – du moins pour ceux qui ne voient les choses que de manière superficielle. Kaou trouvera des réponses, ou plutôt des pistes de réflexion, dans ce socle d'images identitaires véhiculées par la langue et le paysage. Ces réponses s’imposeront à lui comme une bouffée d’air frais à travers un rapport dialectique inattendu : son mentor et ami, Dominique Dubosc, descend du train de la vie en même temps que Maria tombe enceinte, d’un couple foudroyant de jumeaux qui bouleversera sa vie et son rapport à la langue bretonne.

Kaou, enfin, se découvre poète. Tel Don Quichotte, il pourra désormais affirmer : « Le grand Homère n'a pas écrit en latin parce qu'il était grec, et Virgile n'a pas écrit en grec parce qu'il était latin. En un mot, tous les poètes anciens écrivaient dans la langue qu'ils avaient sucée avec le lait, et ne cherchaient pas des langues étrangères pour exprimer leurs hautes pensées. »

(Comédie dramatique de Mauricio Hernández en cours d'écriture, format prevu : 16mm couleur pour l'histoire, Super 8 couleur et N&B pour les vues Lumière, Video 8 pour les contes, légendes, et chansons).